Je n’aurais pas dû revoir le Seigneur des Anneaux la veille de mon premier jour de travail. Après une nuit peuplée d’elfes et de valeureux fils du Roi, je me retrouve parachutée dans la rédaction high-tech du Blick, où un «Ach, du kommst aus dem Welschland?» d’un collègue tout neuf m’accueille. Welschland. J’éclate de rire. Les Alémaniques, ces filous, ont donc élaboré un terme rien que pour nous. En moi, il évoque de verts pâturages, une contrée sagement sauvage ou ces hobbits de Welsch/Romands vaquent à leurs occupations selon leur rythme millénaire, indifférents à la marche du monde alentour. Welschland, à la fois sympathique et moqueur, comme de braves cousins qu’on aurait gardés dans le Gros-de-Vaud et qu’on ne verrait qu’une fois l’an, à Noël.
Je quitte la Romandie mais découvre le Welschland. A travers ce terme, je guigne pour la première fois mon «pays» depuis l’autre côté. En apprendrai-je plus sur lui que sur la Suisse alémanique? Découvrirai-je la nation suisse - fantasme conventionnel et soporifique des correspondants nationaux? Depuis le 18 octobre 2010, je me fraie une microscopique place d’observatrice dans Zurich la Belle, Zurich la Grande, Zurich la Terrible. En un mot, dans le Bourbineland.
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