Samedi soir, Maya Wirz a remporté le concours de Die grössten Schweizer Talente. Dépassant le million de téléspectateurs, la modeste quadragénaire a décroché un triomphe face à cet étrange jury composé de l'immortel DJ BoBo, de l'inexplicablement célébrissime Christa Rigozzi - la moins belle mais plus la populaire des miss Suisse de la décennie - et du présentateur Roman Kilchsperger. Chauffeuse de bus le jour, cantatrice le soir, l'antagonisme de l'Argovienne semble créée comme un produit marketing.
Et parce qu'il n'y a pas de people sans presse people, la dame fraîchement couronnée a honoré la rédaction du Blick d'une courte visite. Au milieu de dizaines de journalistes, modestement en retrait en attendant son tour à quelques pas du coeur décisionnel du titre, Maya Wirz semble entre deux eaux. Une sage demi-queue de cheval et une frange d'un autre âge, un pull joli mais des pantalons carotte, le regard un brin fuyant, la nouvelle star du pays fleure encore bon la vie sans prétention à laquelle Schweizer Talente l'a arrachée. Mais, aussitôt son tour venu, après avoir escaladé quelques marches pour surplomber son public de journaleux au nez encore collé à l'écran, la conductrice de bus sort sa panoplie de scène. Un oeil appuyé sur ses proches spectateurs, des paupières closes lorsque la mélodie l'emporte et surtout, ce splendide demi-tour pour enfin faire face à ce photographe qui, décidément, la perturbe dans son dos.
La technique lyrique irréprochable de Maya Wirz mêlée à cette maladresse scénique n'est pas étrangère à son succès populaire. L'effet Susan Boyle sans doute, cette imperfection du personnage propre à toucher la corde empathique. Une chauffeuse de bus alémanique qui nous ferait un show à la Shakira, très peu pour le public helvétique.
Crédit photo: Philippe Rossier - Der Blick
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