Le Böögg a voulu jouer au plus malin en brûlant de l'intérieur, dérobant ses flammes à nos regards, et en crachant une fumée du tonnerre de dieu, dévastant d'un seul coup le bilan écologique de la ville (cf. elle n'est pas de moi, celle-là). Les flammes ont pernicieusement contourné le bûcher, hors de vue des spectateurs côté ouest, qu'une première déflagration a fait sursauté en vrac. Waouw! Un peu comme à la corrida, la foule a acclamé chaque explosion d'un ola. Le bonhomme hiver s'est mis à pétarader de tout son pauvre corps fourré d'artifices, jusqu'à ce que sa tête saute dans un ultime assaut. Stop chrono: 10 minutes 56, c'est le temps officiel. L'été sera beau, qu'on se le dise.
Sous une pluie de cendre et de paille réchappée des flammes, la plèbe a dû poireauter bien une heure avant de pouvoir investir le champ de Bellevue enfin libérée de ses notables endimanché - parmi eux, une petite brochette de personnalités du crû, Ueli Maurer, Christoph Blocher, Johann Schneider-Ammann et Hans-Ruedi Merz.
C'est alors qu'a commencé la vraie fête, celle qui sonne le début de la saison des Badi et autres joyeusetés estivales. Armés de saucisses et de couvertures, les Zurichois ont littéralement couru sur le champ à peine ouvert, pour se rassembler autour du feu. Et c'est là qu'on reconnaît les habitués et les embryons d'entrepreneurs dans cette foule compacte d'ados et de jeunes adultes. Avec votre saucisse et votre gril, vous avez l'air malin devant un brasier de plusieurs mètres de haut, dont la chaleur vous claque le visage à moins de cinq mètres. Les braises sont juste-là, à portée de main, mais inaccessibles. Il va falloir marchander. La douzaine de malins venus avec une pelle (à ralonge) négocient la piochée à cinq francs. D'autres, un brin honteux de cette démarche capitaliste en plein bobo-land demandent plutôt une bière - ce qui revient financièrement au même mais vous fait passer par dix minutes de queue au bar. Enfin, quelques bricoleurs émergent: une marmitte accrochée au bout d'un baton, voire le saladier métalisé IKEA qui, contre toute attente, résiste aux flammes.
Pour ma part, il aura fallu une bonne heure à ma petite tribu pour ramener un tas de braises et faire dorer (brûler) des Wurst comme il se doit. L'an prochain, c'est décidé, j'amène ma pelle.
Vous savez pas y faire...
Il y a moyens (meme comme romands) de s'en tirer a bon compte avec les pelles:
- demander en suisse allemand mais avec un accent francais
- envoyer une fille demander (eh oui j'y peut rien mais ca marche mieux)
Après c'est vrai que c'est un peu à qui a la plus grande pelle, le plus beau grill, ...
Face a ca les francophones ont a passé (une fois de plus) pour des amateurs sans organisation.
Mais c'est le meilleur moment de la fête.
Rédigé par: dword | le 12/04/2011 à 16:43
Tu n'as pas raté la véritable vedette de la soirée: le saladier IKEA.
Rédigé par: Bruno Agostini | le 12/04/2011 à 18:26