Vous disparaissez tout l’été. Vous parcourrez le monde avec un calepin en vous disant qu’il ne vous manquerait plus que Milou. Par-dessus le marché, vous avez l’outrecuidance de prendre des vacances. Vous rentrez à Zurich un peu penaude. Vous qui aviez pensé conter les Badis, les concerts de quartiers et l’incontournable Street Parade, voilà que vous avez tout manqué. Vous songez à vos 127'947 fidèles lecteurs (au moins) qui ont, depuis le temps, sans doute migré vers le regard frais et piquant de Marie Maurisse ou la plume poétique et alambiquée de Christophe Schenk.
Zurich est bien bonne. Elle comprend que votre esprit est resté coincé entre deux palmiers et comme il vous est cruel de renouer avec son stakhanovisme urbain. Pas rancunière, Zurich a décidé en votre absence de se teinter d’exotisme. « Rickshaw! », crie-t-on dans votre dos. Vous vous retournez et manquez vous prendre un feu de signalisation de plein front – forcément, vous êtes à vélo.
Alors d’accord, le rickshaw zurichois n'a de l'original que le nom. Redéfini à la sauce chic branchée, cela vous donne un mélange subtil de futurisme et d’écologie. Peint en vert, sommet de l'originalité. Donc dorénavant, vous pourrez emprunter un taxi à traction humaine, idéal pour se rêver en élite de la capitale économique. Je me vois déjà un jour de beau, coiffée d'un chapeau qui s'envolerait dans le vent. Or, pour l'instant, le rickshaw, je l'ai plutôt expérimenté comme fauteur de troubles sur les pistes cyclables. Une fois chargé, le tricycle de luxe avance à 2km/h, ce qui promet de pimenter la guerre sans merci que se livrent vélos et voitures à l'heure de pointe.
Mais cessons de ronchonner. Zurich résonne des «Rikscha taxi» - du nom de l’entreprise – lancés par les chauffeurs, douce évocation de l’exaspérant « tuk tuk lady » cambodgien. Par contre, toute l’imagination du monde ne permet pas d’y voir un quelconque trait de famille avec les caisses-à-savon guatémaltèques. Bien essayé Zurich, mais tu n'effaceras pas ma nostalgie ainsi.
Les commentaires récents