Non, le Knabenschiessen n’est pas le jour où les Zurichois se permettent de «tirer des garçons», comme le prétendent les mauvaises langues. Ce sont eux, les gosses, qui tirent, trois jours durant. Comme papa qui va chaque année dégourdir son FASS90. Le plus habile des Knaben décroche la couronne de «König». Cette année, coup de théâtre, c’est une Königin de 15 ans qui l’a emporté, pour la 3e fois de l’histoire. Ca c’est de la progression de la cause féminine. Le droit d’être enfant soldate à son tour.
Le Knabenschiessen, c’est surtout ce rassemblement populaire gigantesque au pied du Uetliberg, fête foraine et marshmallow. Les Zurichois ont même l’après-midi férié pour aller baffrer des saucisses au plus vite. Joli contraste avec le jour férié des Vaudois, pile une semaine après – le lundi du Jeûne.
Vous allez encore trouver que je joue les rabat-joies. C’est clair, être bobo, ça se traîne derrière soit au quotidien. C’est bien malgré moi que l’odeur pugnace de la Wurst ne déclenche pas mon appétit, pas plus que le cervelat écrit avec «S». Ou que la vente aux enchères de bouquets de fleurs, orchestrée par une logorrhée épileptique face à des mains hystériques de désir, me casse les oreilles.
Enfin, vous trouverez peut-être excessif de voir dans chaque gosse satisfait de sa performance, une peluche à la main, un futur membre de «la meilleure armée du monde» (cf. Ueli Maurer). Pourtant, quel meilleur stratagème pour convaincre les petits Suisses, générations après générations, que c'est en possédant et en maîtrisant son fusil qu'ils obtiendront une reconnaissance sociale? Pensez-vous qu'une fois devenus adultes, ils se résoudront à rendre leur arme de service à l'arsenal?
Drôle d'idée, que de fonder une des plus grosses fêtes populaires de Zurich, métropole de Suisse par excellence, sur le culte des armes. Je rentre chez moi, je n'ai même pas goûté aux crèpes. Puis je me rassure un peu: le weekend qui vient à Lausanne, c’est le Comptoir de Beaulieu. Chacun sa plaie.
Fossé avec les Welches? Bof, pas vraiment à 14 ans j'étais membre des jeunes tireurs (enseignement au tir au fusil d'assaut par des sociétés de tirs subventionnées par la Confédération).
La moitié de la classe faisait de même et on adorait ça.
Rédigé par: Quidam | le 19/09/2011 à 14:42