Mettez deux Alémaniques dans un train avec un ticket pour Lausanne. Vous obtiendrez ce mélange d'arrogance sarcastique, d'admiration béate pour nos vertes contrées et de déconfiture du rejet romand.
Donc: on roule, on roule, tunnel, champ, gare, champ, tunnel, gare, champ, champ, champ, tunnel: Lavaux! Placage des caboches à la vitre, un Waouwww qui n’en finit pas. Ils rient parce qu’ils savent qu’ils jouent les touristes à merveille. Mais ils fixent le lac quand même. Il faut promettre qu’on ira faire une randonnée dans les vignes pour les décoller de la vitre.
Arrivés à Lausanne, leur bonne humeur monte encore d’un cran. Un bus innocent, un modeste TL blanc et bleu, ronronne en gare dans l'attente de ses passagers. Ils le regardent, ils se regardent, ils me regardent, ils éclatent de rire. «Il a même une remorque!». Ca semble être le pompon, allez savoir. Lorsque ses portes s'ouvrent, il révèle ses sièges bariolés orange-brun-jaunes (hi hi hi, ha ha ha). J’ai beau tenter d’expliquer que c’est du faux vintage, ils gloussent comme des ados. «C’est sûrement les vieux bus de Zurich qui ont été envoyés à Lausanne!». Ben voyons.
Il suffit de rejoindre la place du Château pour qu’ils se calment d’un coup. Là, un immense graffiti nous accueille comme un saut d’eau glacée. RÖSTIGRABEN. Ben ça, j’en suis baba. Quelqu’un pourrait-il m’expliquer la revendication là-derrière? Morts aux bourbines, peut-être?
Les miens regardent, l’œil suspicieux. Ca nous énerve. Alors tant qu’on y est, on se fait la nique.
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