J'ai gagné 4 francs au tribolo. Waouw. Imaginez ma fébrilité en me rendant dans un kiosque zurichois pour toucher mon gain. Tout sourire, je tends mon billet gagnant à la kiosquière, mais c'est la déconfiture. Les tribolos Madame, on ne prend pas. Car, comme son nom l'indique, la Loterie Romande se limite à la Suisse romande... Ah. Euh oui. Bon d'accord. Je me sens un peu bête. J'aurais pu y penser par moi-même.
Mais comprenez-moi. Vivre à Zurich tient de la schizophrénie. D'une part, vous tombez perpétuellement dans la case "étrangers". Vous êtes celui qui ne comprend la langue qu'à moitié, celui qui confond Spitzplatz (ex-scène de la drogue) et Bürkliplatz (antiquaires), celui qui pense que "l'artiste" Gölä n'est qu'un gros porc libidineux, celui qui fait la bise quand il faudrait serrer la main. Vous sautez de malentendu en impair. C'est tout juste si les autochtones ne vous feraient pas goûter du cenovis pour voir votre grimace.
D'autre part, vous faites vos courses à la Migros, vous tirez un numéro d'attente à la Poste et vous roulez en CFF. Bonjour l'exotisme. Il suffit de couper le son avec des écouteurs vissés aux oreilles pour se croire en Suisse romande.
Avec une pointe de naïveté, j'ai toujours pensé que le Röstigraben se limitait aux consciences et aux langues. La Loterie Romande m'a fait découvrir qu'il existe aussi une ligne de démarcation socio-économique. Et bien sûr - vous connaissez mon militantisme - je trouve ça nul.
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