Hier soir, j'ai vu mon premier film en suisse-allemand (clap clap clap). L’histoire d’une étrangère qui met un village de montagne à feu et à sang ou celle d’hommes qui perdent raison face à la chair fraîche, c’est selon l’approche. En Suisse alémanique, la saga des Alpes explose le box-office avec 100'000 entrées. Ne voyez aucun Röstigraben à cet amour des Alémaniques pour une production locale. Vous aussi vous irez la voir – avec les sous-titres bande de veinards – une fois que vous aurez saisi que cette œuvre de Michael Steiner ne souffre aucun lien de parenté avec les proto-téléfilms mal doublés, Grounding et consorts. Non, Sennentuntschi, c’est plutôt des zooms accélérés dans ces forêts peuplées de loups et de démons, des cloches d’église fanatique qui sonnent la mort et des mains qui se plaquent sur une vitre. Non, pas version Titanic, plutôt celle de La Nuit des morts-vivants.
http://www.youtube.com/watch?v=Vqm-fli7T6Q (la bande-annonce)
Le film est bon, allez le voir, trêve d’introduction. La raison de sa présence ici est ailleurs. Dans Sennentuntschi, à côté des bergers, des flics et des curés au rude langage du nord des Alpes, il y a un Romand. C’est Carlos Leal de Sens Unik, très à son avantage, pour qui s’intéresse aux pages people. Mais c’est surtout un Romand qui se balade là, modestement, sans vraie raison. Il ne répond à aucun besoin particulier d’un guignol ou d’un glandeur et s’il est vrai qu’il est mal rasé, il n’est pas le seul. Certes, il lâche quelques « Oh putain » à faire se tordre de rire la salle, mais toujours très à propos. Non, le Romand est là simplement parce qu’il fait partie du paysage, comme la montagne ou l’absinthe. Idem dans le film de Micha Lewinsky, Der Freund, où le Romand apparaissait sans l’ombre d’une justification. Rien à voir avec la sempiternelle figure du Black dans les productions hollywoodiennes, gravée dans le bronze et prévisible, qui distille avec humour et force dents blanches sa sagesse de vivre héritée de ses ancêtres.
Les films alémaniques nous incluent avec la plus grande simplicité du monde. Le Romand y joue le bon, le méchant, peu importe, libre de toute catégorie. Presque gênée, je réfléchis à des exemples similaires dans le cinéma francophone. Las. Aucun. Les Alémaniques nous dominent jusque dans l’intégration l'air de rien de notre pluralité. De notre réalité. A un détail près: le Romand des films parle le suisse-allemand. Là débute la fiction.
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